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Bataille de Koursk

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Bataille de Koursk Empty Bataille de Koursk

Message  Imad Eddin AL-HAMADANI Mar 29 Déc - 7:07

Par Ilia Kramnik, RIA Novosti

La bataille de Koursk, dont on a commémoré cette année le 65e anniversaire, est l'une des plus importantes de la Seconde Guerre mondiale et, sans aucun doute, l'événement central de l'année 1943. Elle suscite l'intérêt des chercheurs tant en Russie qu'à l'étranger, et le nombre de publications consacrées aux opérations de l'été 1943 entre Orel et Kharkov ne cesse d'augmenter.

Comme tout événement historique de premier plan, la bataille de Koursk fait l'objet d'un certain nombre de mythes, d'un côté comme de l'autre, c'est pourquoi son véritable visage ne commence à être dévoilé que maintenant. Cela s'applique particulièrement aux combats qui ont eu lieu autour de Prokhorovka (pince sud) du 7 au 15 juillet, avec en point central la bataille en ligne entre la 5e armée blindée de la Garde et le IIe SS Panzerkorps, le 12 juillet 1943. Les points de vue des chercheurs sont diamétralement opposés sur cette bataille, évoquant aussi bien l'écrasement de l'Armée rouge que la défaite de la Wehrmacht et des SS.

Les environs de Prokhorovka se dessinèrent comme un possible champ de bataille le 7 juillet 1943, quand l'avant-garde du IIe SS Panzerkorps atteignit la rivière Psel. Sur ce secteur du front, les événements se déroulèrent de manière plus favorable pour les Allemands que dans la région d'Oboïan, considérée comme primordiale, et où la Wehrmacht tentait d'opérer une percée jusqu'à la ville de Koursk par la route Belgorod-Koursk. Là-bas, l'avancée du XLVIIIe Panzerkorps fut stoppée à la suite de combats difficiles, au cours desquels se distingua notamment la 1ère armée blindée sous les ordres du général Mikhaïl Katoukov, un des meilleurs commandants soviétiques de chars. Par conséquent, le commandant de la pince sud Erich von Manstein décida de reporter toutes ses forces sur Prokhorovka. Le 9 juillet, la largeur de la percée du front à cet endroit atteignit 12 kilomètres, et les Allemands approchaient des dernières lignes avant l'arrière du Front de Voronej. Les unités blindées risquaient fort de s'engouffrer dans la brèche.

Afin d'éviter un tel scénario, le commandement du Front de Voronej demanda des renforts à Moscou, dès le 7 juillet. Dans les trois jours qui suivirent, deux armées de réserve commencèrent à déployer leurs unités autour de Prokhorovka, la 5e armée de la Garde sous les ordres du général Jadov, et la 5e armée blindée de la Garde sous les ordres du général Rotmistrov.

C'est précisément le 10 juillet que l'on considère comme la véritable date du lancement de la bataille de Prokhorovka, lorsque le IIe SS Panzerkorps lança une offensive ayant pour objectif d'atteindre la ville, et ainsi s'engouffrer dans la brèche.

Il faut noter que le IIe SS Panzerkorps était l'une des plus puissantes formations blindées de la Wehrmacht et de la SS, comportant trois divisions, plus de 40.000 hommes et plus de 450 chars et canons automoteurs. De par ses effectifs, il était comparable à une armée blindée soviétique de trois corps, avec un nombre un peu moins élevé de chars, mais supérieur sur le plan de l'artillerie et des unités d'infanterie. Le 10 juillet, les Allemands n'avaient pas encore eu le temps de réunir toutes les forces dont ils disposaient sur le papier, mais avec déjà plus de 30.000 hommes et plus de 300 chars, le IIe SS Panzerkorps constituait une force suffisamment imposante.

En deux jours de combats, les 10 et 11 juillet, les Allemands avancèrent de 5 kilomètres, réussissant même par endroits à encercler des unités de l'Armée rouge. L'affrontement décisif de la bataille intervint au sud du saillant de Koursk: 2-2,5 kilomètres tout au plus séparaient les Allemands de Prokhorovka, une distance qu'il suffisait de franchir pour s'engouffrer définitivement dans la brèche.

Au soir du 11 juillet, le commandement du Front de Voronej décida de lancer une contre-attaque depuis les environs de Prokhorovka vers les positions du IIe SS Panzerkorps. Furent envoyés une partie de la 5e armée de la Garde, la 5e armée blindée de la Garde et, en appui, les 2e corps blindé et 2e corps blindé de la Garde. De l'autre côté de la pince sud, les unités de la 1ère armée blindée du général Katoukov et de la 6e armée de la Garde de Tchistiakov devaient attaquer en tenaille à la rencontre des deux armées frappées du numéro 5. Ainsi, l'offensive devait assurer l'encerclement du IIe SS Panzerkorps et sa neutralisation.

Il faut noter que les Allemands s'attendaient à devoir affronter les forces blindées soviétiques de réserve. Hermann Hoth, commandant de la 4e armée de Panzer, dont faisaient partie les deux Panzerkorps précédemment cités, s'attendait avant même le début de l'offensive à ce scénario, précisément aux alentours de Prokhorovka. Le mouvement de la 5e armée blindée de la Garde n'était pas passé inaperçu, et le 11 juillet les Allemands commencèrent à se retrancher sur des positions défensives. Ils comptaient, tout en contenant l'attaque soviétique au centre des positions du SS Panzerkorps, lancer leur propre offensive, couper les divisions des 5e et 69e armées, puis avancer vers l'arrière de la 1ère armée blindée et de la 6e armée de la Garde, retranchées dans la région d'Oboïan.

L'attaque du IIe SS Panzerkorps, dirigée par Paul Hausser, devait être soutenue par le IIIe Panzerkorps de la Wehrmacht, sous le commandement de Hermann Breith.

La préparation de la contre-offensive soviétique se fit dans les dernières heures du jour et durant toute la nuit. Elle fut lancée à 8h30 du matin. Les 18e et 29e corps blindés de Bakharov et Kiritchenko, qui disposaient au total de 355 chars et canons automoteurs, lancèrent l'assaut sur les positions des 1ère et 3e SS Panzergrenadier, divisions du IIe SS Panzerkorps surnommées respectivement "Leibstandarte Adolf Hitler" et "Totenkopf", qui comptaient 199 chars et automoteurs.

Le terrain, parsemé de ravins et de différentes constructions, empêchait l'avancée des unités en formation et l'orientation précise de l'attaque, les brigades blindées des deux corps engagèrent donc le combat séparément, et ne purent se déployer comme prévu qu'une fois sous le feu de l'ennemi.

La puissance de la défense antichar allemande au sud de Prokhorovka s'appuyait sur 40 canons de calibre 50-88 mm disposés sur un kilomètre de front, sans compter la deuxième ligne avec des pièces d'artillerie de 105-150 mm, et les corps blindés soviétiques essuyèrent dès le début d'importantes pertes. La situation s'aggrava en raison de la supériorité technique des Allemands: leurs nouveaux chars Tigre (Panzer VI) équipés de canons de 88 mm, Panzer III modernisés, Panzer IV et canons d'assaut StuG III surpassaient en combat isolé le T-34 soviétique, sans parler du char léger T-70. Afin de niveler les chances, il fallait se rapprocher de l'adversaire, ce qui s'avéra impossible en raison de la puissance de feu des Allemands.

Les 2e corps blindé et 2e corps blindé de la Garde, en appui de la 5e armée blindée de la Garde, attaquèrent à gauche du front avec 224 chars et canons automoteurs, contre les positions de la 2e SS Panzergrenadier "Das Reich" (division du IIe SS Panzerkorps), qui devait ce jour-là attaquer en tenaille, à la rencontre du IIIe Panzerkorps de la Wehrmacht. Au lieu de cela, la division allemande, qui ne comptait plus que 95 blindés après une semaine de combats, dût se résigner à se retrancher en défense. Sur ce secteur, les chars soviétiques avancèrent de deux kilomètres, mais furent obligés de se retirer après une contre-attaque allemande.

La contre-offensive de front échoua donc. Mais l'offensive allemande également: le IIIe Panzerkorps de Breith, qui disposait à ce moment de 120 chars et automoteurs, dont 23 Tigres, ne parvint pas à percer la défense des divisions d'infanterie soviétiques, ce qui devait permettre de couper les unités à demi encerclées de la 5e armée de la Garde et de la 69e armée.

Le jour suivant, les Allemands tentèrent de relancer l'attaque sur Prokhorovka, mais elle fut stoppée. Les succès ponctuels de certaines unités ne suffirent pas pour influer sur la situation générale, et le 16 juillet l'ennemi commença à retirer ses forces de la région de Prokhorovka.

Si l'on fait un bilan d'ensemble de la bataille de Prokhorovka, on peut dire qu'elle s'est terminée par un "match nul": les Allemands ne parvinrent pas à avancer jusqu'à Prokhorovka, d'où ils auraient pu déboucher à l'arrière des forces soviétiques, et l'Armée rouge ne put encercler ni neutraliser les divisions SS et celles du XLVIIIe Panzerkorps lors de sa contre-offensive. Quant à la bataille en ligne du 12 juillet, elle se solda par la défaite des forces soviétiques: presque toutes les unités durent revenir sur leurs positions de départ, sans avoir rempli aucun de leurs objectifs et en ayant subi de lourdes pertes.

Rien que pour ce 12 juillet, le bilan pour l'Armée rouge s'élève à plus de 10.000 hommes et 328 chars et automoteurs perdus, dont 4.000 morts et 183 véhicules définitivement hors service. Côté allemand, les pertes dépassent 3.000 hommes et une centaine de chars et canons automoteurs, dont plus de 1.000 morts et environ 30 véhicules totalement détruits.

Sur une décision personnelle de Staline, une commission fut créée avec à sa tête Malenkov, le secrétaire du Comité central du Parti communiste, afin de déterminer les causes des importantes pertes essuyées par l'Armée rouge à Prokhorovka. Un rapport fut présenté à Staline en août 1943, dont les conclusions étaient peu flatteuses. Les événements du 12 juillet à cet endroit furent considérés comme un exemple type d'opération militaire mal exécutée.

Le mythe de la victoire des chars soviétiques à Prokhorovka a commencé à se mettre en place dans les années 50 sous la plume légère de deux personnes: le maréchal Rotmistrov, ancien commandant de la 5e armée blindée de la Garde, et le premier secrétaire du Comité central du PCUS Nikita Khrouchtchev. Ce dernier, en tant que membre du comité militaire du Front de Voronej, a participé directement à la bataille dans le saillant de Koursk, et porte, avec d'autres personnes, une responsabilité directe dans la mauvaise préparation de la contre-offensive du 12 juillet 1943.

Ce mythe a malheureusement éclipsé le véritable succès de ce 12 juillet, obtenu dans un autre secteur du front, où la 1ère armée blindée et une partie de la 6e armée de la Garde réussirent à porter un coup sévère au XLVIIIe Panzerkorps de von Knobelsdorf. Sans disposer d'une supériorité significative en hommes et en chars, Katoukov et Tchistiakov parvinrent à engager le combat avec l'ennemi sur toute la profondeur de son dispositif, de telle manière que les Allemands ne purent envoyer aucun bataillon en direction de Prokhorovka depuis cette partie du front. Résultat, le SS Panzerkorps, sensiblement affaibli et isolé, fut incapable de franchir la dernière ligne défensive du Front de Voronej.

Des mythes autour de la bataille de Prokhorovka sont apparus de l'autre côté également: de nombreuses sources allemandes affirmèrent qu'au cours de leurs combats contre les armées du Front de Voronej, les unités blindées du Reich remportèrent une victoire totale, et plus précisément que le rapport des pertes à Prokhorovka avait été de 300 à 5 en faveur des Allemands. Pour eux, le retrait des unités allemandes après une victoire aussi marquée s'explique par le début du débarquement des Alliés en Sicile.

Cependant, les faits parlent d'eux-mêmes. Les divisions de SS Panzergrenadier n'arrivèrent jamais en Italie, et restèrent combattre en territoire soviétique, en contenant l'offensive que l'Armée rouge déploya après l'achèvement de la phase défensive sur le front de l'Est. La cause directe du retrait des unités blindées allemandes a été en fait l'échec général de l'opération Zitadelle, associé au passage des unités soviétiques à l'offensive en direction d'Orel et de Kharkov. Cette défaite stratégique, dont l'ampleur éclipse totalement le succès allemand lors de la bataille en ligne de Prokhorovka le 12 juillet, a été très bien décrite dans ses mémoires par le général Heinz Guderian, grand spécialiste des blindés:

"A la suite de l'échec de l'opération Zitadelle, nous avons essuyé une défaite décisive. Les unités blindées, déjà renforcées avec beaucoup de difficulté, ne furent plus opérationnelles pour un long moment en raison d'importantes pertes en hommes et en matériel. On ne savait pas si l'on parviendrait à les remettre sur pied à temps pour pouvoir mener des opérations défensives sur le front de l'Est, et pour organiser la défense à l'Ouest en cas de débarquement allié, attendu pour le printemps suivant. Evidemment, les Russes se sont empressés de profiter de leur succès. A partir de ce moment-là, il n'y eut plus aucun jour tranquille sur le front de l'Est. L'initiative revint entièrement à l'adversaire".

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.


_______________________________________________________________________________________

5 juillet 1943. En deux semaines terribles, l'opération Citadelle ruine la Wehrmacht.

François d'Orcival, Valeurs Actuelles le 26-02-2009


Humilié à Stalingrad, Hitler tente sa revanche à Koursk. Il lui aurait fallu le secret et la surprise. Il n’aura ni l’un ni l’autre. L’Armée rouge ne s’arrêtera plus.

Le 1er juillet 1943, Hitler réunit ses chefs militaires dans son quartier général de Rastenburg, en Prusse-Orientale. Cette fois, sa décision est arrêtée. À la fin de la conférence, il lit une proclamation destinée aux troupes : « Soldats du Reich ! Vous participez aujourd’hui à une offensive d’une importance considérable. De son résultat peut dépendre tout le sort de la guerre…»

Il va lancer dans la bataille deux fois plus de forces que celles rassemblées pour l’invasion de la Russie soviétique, deux ans plus tôt : 25 divisions d’infanterie, 20 divisions blindées, 2 000 chars de combat, un millier de canons auto- moteurs, 2 000 avions… Il veut sa revanche sur Stalingrad où sa VIe armée a disparu. Et, avec elle, le mythe de la supériorité du Reich.Une humiliation personnelle pour lui, un choc moral pour son armée et son opinion publique.
Cette revanche, ce Stalingrad à l’envers, il a décidé de la tenter dans le saillant de Koursk, une poche de deux cents kilomètres sur cent dans laquelle il entend prendre en tenaille le gros de l’Armée rouge. L’opération, baptisée Citadelle a été détaillée, le 15 avril précédent, dans son bulletin d’opération n° 6 : « Cet assaut est d’une importance vitale. Il doit réussir totalement et rapidement. La victoire de Koursk doit être un signal pour le monde. À cette fin, il est crucial de bénéficier de l’élément de surprise autant que possible et de laisser l’adversaire dans le doute quant au déclenchement de l’opération. Pour assurer le secret, il ne doit y avoir aucune négligence. Augmenter les efforts de contre-espionnage pour combattre les services de renseignement de l’ennemi… »
Or, il n’y aura ni doute, ni surprise, ni secret. Hitler et Staline, comme leurs chefs militaires, sauront tout des intentions de l’autre. Le calcul d’Hitler, dans la situation où il est après Stalingrad, se comprend : il estime qu’il a encore, mais pour peu de temps, l’initiative sur le front de l’Est – l’Afrique du Nord et les Balkans sont en train de basculer ; il sait qu’il devra bientôt faire porter son effort vers l’Ouest ; Roosevelt et Churchill veulent se battre jusqu’à la « reddition inconditionnelle de l’Allemagne ». Or, l’un de ses meilleurs généraux, Erich von Manstein, vient de réussir, en mars, une spectaculaire contre-offensive à Kharkov. L’opération sur Koursk est donc jouable.

L’objectif allemand étant vite évident, l’aviation soviétique bombarde systématiquement dès le mois de mai les concentrations d’avions de la Luftwaffe. Ce harcèlement va se poursui- vre durant deux mois, tandis queles troupes au sol s’entraînent à travers les champs de mines. L’opération qui devait être lancée en mai, est reportée à juin, puis de nouveau décalée.
Les ordres sont finalement distribués le premier jour de juillet : ce sera pour le 5. Le choc est terrifiant. Les colonnes de panzers sont foudroyées par un déluge de feu d’une incroyable précision. Le champ de bataille est tronçonné, miné, quadrillé par l’artillerie et les chars soviétiques. Les lignes de défense succèdent aux lignes de défense. En cinq jours, les Allemands ne percent pas de plus de vingt-cinq kilomètres. Les 11 et 12 juillet, ils tentent une nouvelle attaque, jetant leurs réserves dans la fournaise, y compris le corps blindé SS. L’assaut par le nord, commandé par von Kluge et Model, est cassé le premier.Au sud, l’attaque, commandée par Manstein et Hoth, malgré la résistance des divisions blindées SS dans la gigantesque bataille de blindés de Prokhorovka, va aussi s’épuiser.
Or, le 10 juillet, les Américains ont débarqué en Sicile. Tout change. Le 13, Hitler convoque ses généraux pour leur annoncer qu’il arrête Citadelle : il a besoin de former une nouvelle armée afin de bloquer la progression américaine en Italie, faute de quoi il sera submergé. Cela suppose de dégarnir le front Est. Or, il aura sacrifié dans la bataille de Koursk, entre le 5 et le 20 juillet, quelque 56 000 hommes (dont 9 300 tués, 45 000 blessés, 2 000 disparus), ainsi que le tiers de ses blindés, des milliers de canons et d’avions. La Wehrmacht vient-elle de ruiner toute chance de contre-offensive ? L’histoire dira qu’à partir de cet été 1943, et malgré ses propres pertes, trois fois supérieures aux pertes allemandes, l’Armée rouge ne va plus s’arrêter jusqu’à Berlin.

Le maréchal von Kleist, qui commandait le groupe d’armée A en Russie, déclara après la guerre à l’historien britannique sir Basil Liddell Hart : « Six semaines plus tôt, cette attaque aurait pu rencontrer un grand succès, bien que nous n’ayons déjà plus les ressources nécessaires pour la rendre décisive. Mais, dans l’intervalle, les Russes eurent vent de nos projets… » Les homologues de Kleist, Manstein ou Guderian, attribueront eux aussi la défaite allemande au retard pris par Hitler à se décider, s’exonérant ainsi de leurs responsabilités. Quant au succès du renseignement soviétique, il a beaucoup servi à la propagande du régime et à la gloire du NKVD devenu KGB.

Pourquoi Hitler avait-il donc tardé à lancer cet assaut qu’il disait à juste titre décisif ? Par indécision, conséquence de ses crises nerveuses ? Par volonté de disposer d’un char de combat plus rapide, plus fiable que le Tigre et d’une puissance de feu supérieure, le Panther ? Jean Lopez, qui a également publié une monographie sur la bataille de Stalingrad, a consacré à Koursk la synthèse la plus récente des travaux historiques réalisés depuis l’ouverture des archives. Pour lui, si l’indécision du Führer est patente, d’autres motifs expliquent ce retard : les conditions climatiques du printemps (les terrains sont couverts de boue) ; les oppositions entre chefs militaires sur la conduite et l’opportunité de la bataille ; la difficulté, en raison de l’effort soviétique, de procéder à bref délai à une attaque du “fort au faible”, grâce à un déploiement massif de forces ; enfin,malgré les précautions prises, l’absence de tout effet de surprise.

Ici, le succès soviétique dans la bataille du renseignement est incontestable, même s’il ne doit pas être surestimé. Le 11 avril 1943, Hitler avait limogé de son commandement de la IIe armée blindée sur le front de l’Est, le général Randolph Schmidt, successeur de Guderian devant Moscou. Celui-ci est en effet le frère de Hans Thilo Schmidt, officier chiffreur des services allemands, que la police secrète, le SD, vient d’arrêter pour haute trahison. Il travaillait pour les services secrets français.Mais qui connaît alors l’étendue des dégâts ? Car ce Hans Thilo Schmidt a fourni au Deuxième Bureau français, avant la guerre, la documentation complète d’une machine à écrire très spéciale, Enigma. Celle qui crypte les communications de la Wehrmacht et de la Luftwaffe (le système Ultra).Les Français n’ont pas le temps, en raison du désastre de 1940, de faire “parler” la machine : ils font appel aux déchiffreurs des services polonais, les meilleurs d’Europe, et tous se retrouvent à Londres dans les labos de l’Intelligence Service. Dès lors, les communications militaires allemandes n’ont plus de secret pour les Alliés.
Churchill peut donc fournir des informations précieuses à Staline, tout en se gardant bien d’en préciser l’origine ! Méfiant à l’égard de Churchill, Staline dispose de ses propres sources : en Suisse, où le réseau Lucie de l’Orchestre rouge recueille des renseignements essentiels ; à Londres, où les superespions de Cambridge, les Burgess, McLean et Philby, sont en mesure de confirmer ce que reçoit l’Intelligence Service. Sur le terrain, les bataillons de partisans, et en particulier les enfants, fournissent le renseignement tactique. « Ils emploient des garçons de 8 à 14 ans qui, après avoir été entraînés pendant plusieurs semaines à ces missions, s’infiltrent dans les secteurs du front concernés. À la veille de l’offensive, plus d’une douzaine de ces enfants ont été capturés dans la région de Belgorod », rapporte l’historien britannique Steven Newton.

“Les conditions de la victoire ne sont plus réunies”

Enfin, il y a les prisonniers. Vassili Grossmann, écrivain et correspondant de guerre soviétique, se trouve sur le front de Koursk peu après le début de la bataille. Il note dans ses Carnets de guerre : « Dans la nuit précédant le 5 juillet, a été attrapé et fait prisonnier un sapeur qui a confirmé que l’attaque commençait et que l’ordre avait été donné de procéder dans la nuit même au déminage. Grâce à cela, à l’aube du 5 juillet, nous avons été en mesure de procéder à des bombardements de contre- préparation de deux heures. »
Et dans le camp allemand ? Le chef des services de renseignement, l’Abwehr, à l’Est, l’homme de l’amiral Canaris, est le colonel Reinhard Gehlen. Lui aussi a ses sources et remet ses rapports quotidiens de situation au QG d’Hitler.Le 4 juillet, veille de l’opération Citadelle, il affirme dans son rapport : « Si l’on considère la situation générale de la guerre, aucun argument ne saurait à l’heure actuelle justifier le lancement de Citadelle. Les conditions indispensables, requises pour obtenir une victoire dans l’offensive, sont la supériorité numérique et l’avantage de la surprise. Ces conditions ne sont plus réunies. Depuis des semaines, les Russes n’ont fait qu’attendre notre attaque dans la zone choisie par nous… »

Gehlen avait fini par soupçonner l’existence d’un agent soviétique placé au sommet du Reich ; dans ses Mémoires, il désignera Martin Bormann, le secrétaire personnel d’Hitler et chef de l’organisation du parti. Il ignorait la toile tissée par le NKVD et le système Ultra. Mais ses prévisions s’étaient révélées justes. Un an plus tard, Gehlen vit le vent tourner ; il se dissimula avec ses équipes et ses archives en Thuringe et attendit la victoire américaine. Il fut récupéré par la CIA et chargé de créer le premier service de renseignement allemand d’après-guerre contre les Soviétiques…
Après le terrible choc de Koursk, la suspension ordonnée par Hitler, la reprise momentanée des opérations sur Orel et Kharkov, la Wehrmacht n’avait plus qu’un espoir: que l’ennemi lui laisse reprendre son souffle, qu’il aille lui-même à la faute. Espoir vain. « Les Russes, écrit Jean Lopez, attaqueront sans autres limites que celles imposées par la logistique. Quant à la faute, l’armée soviétique, vaccinée en février-mars 1943, n’en commettra plus de majeures. » Dès lors, il ne reste plus à l’armée allemande qu’à freiner sa défaite.

Koursk, de Jean Lopez, cartes et ordres de bataille, Économica, 316 pages, 29 €.

Carnets de guerre, de Moscou à Berlin, de Vassili Grossmann, présentés par Antony Beevor, Calmann-Lévy, 390 pages, 22 €.

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Imad Eddin AL-HAMADANI
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