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Quand la CIA recrutait d’ex-criminels de guerre japonais
dimanche 4 mars 2007 par Spynews
Le colonel japonais Masanobu Tsuji était un militaire fanatique, recherché après la Deuxième guerre mondiale pour des crimes de guerre comme le massacre de civils chinois ainsi que de militaires américains et philippins. Cela ne l’empêcha pas de devenir un espion de la CIA.
Des documents jusqu’à présents secrets, rendus publics par les Archives nationales américaines et consultés par l’Associated Press, montrent comment Tsuji et d’autres accusés de crimes de guerre furent recrutés par les services de renseignements américains, au début de la Guerre Froide. Il s’agissait de lutter contre la menace communiste, dénoncée dès 1946 par Winston Churchill lors d’un discours sur le "Rideau de fer" soviétique.
La CIA voulait espionner les communistes au Japon, placer des agents en URSS et en Corée du Nord, utiliser des mercenaires japonais pour renforcer Taïwan contre les forces communistes en Chine continentale.
Ces dossiers, plusieurs centaines de pages de documents, ont été "déclassifiés" en 2005 et 2006 aux termes d’une loi du Congrès. L’on y lit que la CIA, assez rapidement, a pris conscience du manque de valeur de ses recrues au Japon, des hommes avant tout soucieux de se refaire une virginité tout en poursuivant, pour certains, diverses activités illicites.
"Ils ont eu fréquemment recours au délayage ou carrément à la fabrication d’informations, pour le prestige ou le profit", soulignait un rapport de la CIA de 1951. "La période de l’après-guerre au Japon (...) a débouché sur une augmentation phénoménale du nombre d’intermédiaires, informateurs et agents."
Les Américains ont déployé les mêmes efforts dans l’Allemagne après la guerre, mais avec beaucoup plus de succès, selon les historiens. Nombre d’opérations, au Japon, se soldèrent par des échecs retentissants, frisant le ridicule.
Des fonds avaient ainsi été débloqués pour un bateau censé servir à infiltrer des agents japonais sur l’île soviétique de Sakhaline. Mais l’argent, le bateau et les agents se sont volatilisés... Pire, des agents étaient soupçonnés de liens avec les communistes qu’ils étaient censés surveiller ou influencer. Pour favoriser, par exemple, le marché noir.
Certains informateurs transmettaient la même "information" à différents services américains pour multiplier leurs gains, puis renseignaient des nationalistes japonais sur l’armée américaine. Les Etats-Unis, constate crûment un rapport de la CIA, "n’étaient pas difficiles à berner". Dossiers et historiens suggèrent un manque de connaissance du Japon et d’intérêt pour les crimes de guerre commis en Asie.
"Une chose intéressante est de constater combien tout cela était absurde, inutile. Presque amusant, d’une certaine façon", note Carol Gluck, spécialiste d’histoire japonaise à l’Université de Columbia et membre d’un groupe de travail exploitant ces archives.
"Recyclé" par les Américains grâce auxquels il échappa à la justice, le colonel Tsuji, pour ne citer que lui, ne satisfaisait pas ses employeurs. Un rapport de la CIA, en 1954, dénonçait entre autres son "manque d’expérience" et ses liens avec l’extrême droite. "C’est le type d’homme qui (...) serait capable de déclencher sans hésitation la troisième guerre mondiale", soulignaient ses officiers traitants. Tsuji s’est évaporé au Laos en 1961.
Mort en 1984, Kodama Yoshio, anticommuniste virulent, homme de réseaux et de trafics -il joua plus tard un rôle majeur dans l’affaire Lockheed, un des plus gros scandales de corruption du pays- est étrillé. Sa contribution en matière de renseignement est pratiquement "nulle", dénonce un rapport de 1953. "C’est un menteur professionnel, un gangster, un charlatan" que "rien n’intéresse, sinon les profits".
Tout cela avait une signification, estime l’historien John Dower. On ne se rend pas compte aujourd’hui, dit-il, à quel point les Etats-Unis souhaitaient "une remilitarisation rapide du Japon" pour contrecarrer le communisme. Pourtant, les ex-criminels de guerre qui frayaient avec la CIA n’ont pas réussi à rebâtir un Japon militariste, souligne son confrère Eiji Takemae. Ces gens "n’ont pas été très utiles" aux Américains.
Le colonel japonais Masanobu Tsuji était un militaire fanatique, recherché après la Deuxième guerre mondiale pour des crimes de guerre comme le massacre de civils chinois ainsi que de militaires américains et philippins. Cela ne l’empêcha pas de devenir un espion de la CIA.
Des documents jusqu’à présents secrets, rendus publics par les Archives nationales américaines et consultés par l’Associated Press, montrent comment Tsuji et d’autres accusés de crimes de guerre furent recrutés par les services de renseignements américains, au début de la Guerre Froide. Il s’agissait de lutter contre la menace communiste, dénoncée dès 1946 par Winston Churchill lors d’un discours sur le "Rideau de fer" soviétique.
La CIA voulait espionner les communistes au Japon, placer des agents en URSS et en Corée du Nord, utiliser des mercenaires japonais pour renforcer Taïwan contre les forces communistes en Chine continentale.
Ces dossiers, plusieurs centaines de pages de documents, ont été "déclassifiés" en 2005 et 2006 aux termes d’une loi du Congrès. L’on y lit que la CIA, assez rapidement, a pris conscience du manque de valeur de ses recrues au Japon, des hommes avant tout soucieux de se refaire une virginité tout en poursuivant, pour certains, diverses activités illicites.
"Ils ont eu fréquemment recours au délayage ou carrément à la fabrication d’informations, pour le prestige ou le profit", soulignait un rapport de la CIA de 1951. "La période de l’après-guerre au Japon (...) a débouché sur une augmentation phénoménale du nombre d’intermédiaires, informateurs et agents."
Les Américains ont déployé les mêmes efforts dans l’Allemagne après la guerre, mais avec beaucoup plus de succès, selon les historiens. Nombre d’opérations, au Japon, se soldèrent par des échecs retentissants, frisant le ridicule.
Des fonds avaient ainsi été débloqués pour un bateau censé servir à infiltrer des agents japonais sur l’île soviétique de Sakhaline. Mais l’argent, le bateau et les agents se sont volatilisés... Pire, des agents étaient soupçonnés de liens avec les communistes qu’ils étaient censés surveiller ou influencer. Pour favoriser, par exemple, le marché noir.
Certains informateurs transmettaient la même "information" à différents services américains pour multiplier leurs gains, puis renseignaient des nationalistes japonais sur l’armée américaine. Les Etats-Unis, constate crûment un rapport de la CIA, "n’étaient pas difficiles à berner". Dossiers et historiens suggèrent un manque de connaissance du Japon et d’intérêt pour les crimes de guerre commis en Asie.
"Une chose intéressante est de constater combien tout cela était absurde, inutile. Presque amusant, d’une certaine façon", note Carol Gluck, spécialiste d’histoire japonaise à l’Université de Columbia et membre d’un groupe de travail exploitant ces archives.
"Recyclé" par les Américains grâce auxquels il échappa à la justice, le colonel Tsuji, pour ne citer que lui, ne satisfaisait pas ses employeurs. Un rapport de la CIA, en 1954, dénonçait entre autres son "manque d’expérience" et ses liens avec l’extrême droite. "C’est le type d’homme qui (...) serait capable de déclencher sans hésitation la troisième guerre mondiale", soulignaient ses officiers traitants. Tsuji s’est évaporé au Laos en 1961.
Mort en 1984, Kodama Yoshio, anticommuniste virulent, homme de réseaux et de trafics -il joua plus tard un rôle majeur dans l’affaire Lockheed, un des plus gros scandales de corruption du pays- est étrillé. Sa contribution en matière de renseignement est pratiquement "nulle", dénonce un rapport de 1953. "C’est un menteur professionnel, un gangster, un charlatan" que "rien n’intéresse, sinon les profits".
Tout cela avait une signification, estime l’historien John Dower. On ne se rend pas compte aujourd’hui, dit-il, à quel point les Etats-Unis souhaitaient "une remilitarisation rapide du Japon" pour contrecarrer le communisme. Pourtant, les ex-criminels de guerre qui frayaient avec la CIA n’ont pas réussi à rebâtir un Japon militariste, souligne son confrère Eiji Takemae. Ces gens "n’ont pas été très utiles" aux Américains.
Imad Eddin AL-HAMADANI- EUROMED 09|10
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