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Hanoï 1945. Français et américains se font la guerre

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Hanoï 1945. Français et américains se font la guerre Empty Hanoï 1945. Français et américains se font la guerre

Message  Imad Eddin AL-HAMADANI Mar 29 Déc - 8:46

Imbroglio dans la brousse d'Indochine

Histoire Hanoï 1945. Des commandos français et américains se font la guerre dans l'ombre d'Ho Chí Minh…

Claude Jacquemart, Valeurs Actuelles le 30-04-2009


Quand Jean Sassi, membre des services spéciaux français, retrouve au Laos, en 1945, son camarade de combat de 1944, l’Américain Aaron Bank. Mais contre lui !

Des Américains se battant contre des Français dans la jungle indochinoise : ce scénario n’est pas sorti du cerveau en délire d’un cinéaste hollywoodien. C’est au contraire une réalité. C’est dire l’incroyable imbroglio dans lequel se trouvait cette partie du monde au moment où la guerre allait s’achever en Europe mais se prolongeait en Asie. Cet imbroglio revit à travers un personnage hors du commun, le colonel Jean Sassi, dont Valeurs actuelles a déjà évoqué l’étonnante carrière et dont les mémoires posthumes paraissent maintenant.

Premier acte : au début de l’été 1944, alors que les Alliés ont pris pied en Normandie, des commandos formés en Grande-Bretagne,mêlant Américains, Britanniques et Français, les “Jedburgh”, sont parachutés en France.Leur mission : organiser, avec les groupes de résistance, des actions de renseignement, de sabotage et de harcèlement sur les arrières des armées allemandes. Au nombre de ces “Jeds”, le lieutenant Sassi est parachuté dans la Drôme. Le capitaine Aaron Bank,lui, est largué sur le Massif central.
Une figure que cet Américain de 42 ans, issu d’une famille d’émigrés russes,sportif de haut niveau au même titre que Jean Sassi, qui fut champion de natation avant la guerre. Engagé volontaire en 1939, Aaron Bank a rejoint au début de 1943 la 1st Special Service Force, surnommée la Devil’s Brigade, la brigade du diable, unité spécialisée dans les “coups tordus”. Ainsi, à la fin de 1944,alors que l’Autrichien Otto Skorzeny, libérateur de Mussolini dans les Abruzzes, forme le projet de s’emparer d’Eisenhower, commandant en chef des armées alliées, et habille ses commandos avec des uniformes américains pour jeter la confusion dans les rangs ennemis pendant l’offensive des Ardennes, Aaron Bank organise l’opération Iron Cross (“Croix de fer”) destinée à capturer Hitler ! Un projet que l’état-major allié jugea finalement inutile compte tenu du caractère inéluctable de la défaite allemande.

Deuxième acte : au printemps 1945, l’Indochine sous autorité française plonge dans le drame.Depuis 1940,elle a connu une situation pour le moins ambiguë. En échange de la reconnaissance de la souveraineté française, le Japon a obtenu du gouvernement de Vichy des “facilités militaires”, qui ont permis à ses troupes de stationner dans le pays.Cette situation de non-belligérance s’est prolongée jusqu’au début de l’année 1945, époque à laquelle, subissant des revers dans le Pacifique et en Birmanie,l’état-major japonais décide de s’emparer de l’Indochine, devenue la seule voie terrestre possible pour le repli de ses troupes. Le 9 mars 1945, le Japon lance un ultimatum à l’amiral Decoux, haut-commissaire de France en Indochine, qui avait été nommé par Vichy. Ses 55 000 soldats, parmi lesquels 43 000 autochtones, doivent passer sous commandement japonais. Le refus de l’amiral déclenche l’opération “Meigo”. Sans préavis et en donnant le change jusqu’au bout, les Japonais s’emparent du Tonkin, de l’Annam et de la Cochinchine. Deux mille Européens sont massacrés (dont quatre cents à Lang Son, fusillés puis achevés à la baïonnette), les autres sont internés dans des camps, femmes et enfants compris. L’empereur Bao Dai, rejetant le protectorat français, proclame l’indépendance de l’Annam, qui devient le Viêtnam. En revanche, le Laos,pays de montagnes et de jungle d’une superficie de 230 000 kilomètres carrés (le tiers de l’Indochine), échappe au contrôle japonais. Intégré à la Force 136 constituée à Calcutta par les Britanniques pour encadrer les maquis antijaponais dans le Sud-Est asiatique, Jean Sassi, membre du service action de la DGER (les services spéciaux français), est parachuté au Laos en juin 1945. Il va bientôt y retrouver son camarade de combat de 1944, le “Jedburgh” Aaron Bank.Mais cette fois, contre lui ! Voici comment.

Troisième acte, la conférence de Potsdam, en juillet 1945,deux mois et demi après la capitulation allemande. Staline et Churchill y retrouvent Truman, qui a succédé à Roosevelt,mort en avril.À cette conférence, il est notamment décidé de diviser l’Indochine en deux zones, de part et d’autre du 16e parallèle (division qui perdurera jusqu’en 1975). Le Sud passe sous commandement britannique, en l’occurrence lord Mountbatten. Le Nord (le Laos en presque totalité, la moitié de l’Annam, le Tonkin) se retrouve sous autorité américaine, incarnée par le général Wedemeyer. Et les Français ? Désormais gouvernés par le général de Gaulle, qui n’a pas été invité à Potsdam, ils n’ont pas été consultés sur ce partage.
À ce moment, le seul souci de Londres et de Washington est de poursuivre la lutte en Asie, puisque le Japon n’a pas encore rendu les armes.Mais selon la doctrine américaine, les empires coloniaux des puissances européennes constituent des anachronismes qui bafouent le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ils sont dès lors condamnés à disparaître.

Le quatrième acte de notre tragédie commence donc avec la capitulation nippone, le 15 août 1945. En application des accords de Potsdam et les Américains viennent de trouver en Indochine un champion en la personne d’un nommé Ho Chí Minh (“Celui qui éclaire”). Qui mène l’affaire ? L’OSS, l’Office of Strategic Services, créé par Roosevelt en juin 1942 et placé sous l’autorité de l’état-major interarmes de l’armée américaine. L’OSS, dont les missions sont multiples (renseignement, contre-espionnage, sabotage, etc.), a sorti Ho Chí Minh d’une prison du Kuomintang (les nationalistes chinois) en octobre 1944, contre la promesse du futur chef indochinois de participer à la lutte contre les Japonais.Parmi les hommes engagés dans les pourparlers avec celui-ci : notre Aaron Bank, qui, au terme de la guerre en Europe, s’est retrouvé, comme Sassi, sur le théâtre du Sud-Est asiatique.

De la même manière que Roosevelt avait été séduit par Staline (“Uncle Joe”) en voulant ignorer la nature de son régime, Aaron Bank va tomber sous le charme d’Ho Chí Minh. Du personnage, il ne retient que le nationalisme intransigeant, en négligeant le fait qu’il est aussi l’un des fondateurs du Parti communiste indochinois. Il le rencontre à plusieurs reprises. Ho Chí Minh prépare-t-il la déclaration d’indépendance de la République du Viêtnam, qui sera proclamée le 2 septembre 1945 ? Aaron Bank lui fournit un texte de référence, celui de la Constitution des États-Unis. Échange de bons procédés : Ho Chí Minh ne tarit pas d’éloges sur les Américains : «Vous n’êtes pas des colonisateurs comme les Français. C’est pourquoi je vous fais confiance : votre aide économique et militaire nous permettra d’obtenir l’indépendance. » Ce qui n’empêche pas des “milices patriotiques” composées de nationalistes annamites de combattre comme supplétifs aux côtés des Japonais, dont certains continueront la lutte même après la capitulation de leur pays.Éternité du double jeu…
Dans un tel contexte, les Français qui s’obstinent à ignorer les accords de Potsdam et persistent à maintenir leur présence au nord du 16e parallèle ne sont plus, comme l’écrira Aaron Bank, qu’une « horde de bandits » (“bunch of bandits”).

Le 18 août 1945, Giáp, chef militaire du Viêt-minh, et cofondateur du PC indochinois, s’empare de Hanoi, la capitale du Tonkin. À ses côtés, quatre Américains de l’OSS, le major Lansdale, George Sheldon,Harold Isaacs et Robert Knapp.

Ils ont alors compris qu’il était un pion communiste

En revanche, les Britanniques, censés exercer l’autorité au sud du 16e parallèle, appuient discrètement l’action des commandos français et des hommes du corps léger d’intervention chargés de préparer l’arrivée du corps expéditionnaire du général Leclerc en octobre 1945. L’anticolonialisme des Américains n’épargne en effet personne…
Il en résulte des situations ubuesques. C’est ainsi que le 6 septembre 1945, Jean Sassi et ses hommes, indigènes en grande majorité, occupent la bourgade de Nape, au Laos, et y aménagent un poste de fortune. Dans la nuit, ce poste est attaqué. Les assaillants sont encadrés à la fois par des officiers japonais et par deux Blancs en tenue de parachutistes, des Américains de l’OSS. Quatre jours plus tôt, le général MacArthur recevait la capitulation officielle du Japon sur le cuirassé USS Missouri en rade de Tokyo !

Le cinquième acte de cette affaire n’est pas le moins étonnant. Ayant reçu l’ordre, à la fin d’octobre 1945, de rejoindre Calcutta, Jean Sassi quitte le Laos (il y reviendra plus tard) et poursuit sa carrière dans l’armée française. Aaron Bank, lui, ira se battre en Corée. Puis,devenu colonel des troupes aéroportées, il est rappelé aux États-Unis en 1952. Il lui est demandé de créer la première unité des forces spéciales de l’armée de terre à Fort Bragg, en Caroline du Nord. Ces hommes que l’on baptisera “les bérets verts”, illustrés au cinéma par John Wayne et,plus récemment, par Sylvester Stallone dans la série des Rambo.

Ainsi, tenez-vous bien, alors que le corps expéditionnaire français se bat en Indochine contre le Viêt-minh dont l’ascension a bénéficié de l’aide des services spéciaux américains, ce sont des cadres de ces mêmes services qui forment désormais, à Fort Bragg, des commandos qui, à leur tour, iront combattre contre ces mêmes communistes, le Viêt-minh devenu Viêt-công durant la guerre du Viêtnam ! Ayant finalement admis que Ho Chí Minh, soutenu par les Soviétiques et la Chine rouge, était bien en réalité un pion sur l’échiquier communiste, les Américains se feront assister par des experts français de la contre-guérilla, ceux-là mêmes qu’ils avaient combattus en 1945.

Dès 1959,flanquées de ces conseillers, les Special Forces et la CIA opéreront en civil au Laos, cinq ans après les accords de Genève mettant fin à la présence française en Indochine… Le colonel Aaron Bank, en retraite depuis 1958, est mort le 1er avril 2004. Il avait 102 ans. Le colonel Jean Sassi s’est éteint le 9 janvier dernier, à 91 ans.

A lire


Opérations spéciales, 20 ans de guerres secrètes, du colonel Jean Sassi, avec Jean-Louis Tremblais, éditions Nimrod, 336 pages, 21 €.

From OSS to Green Berets : the Birth of Special Forces, de Aaron Bank. Ouvrage publié aux États-Unis en 1987.

>> Source <<
Imad Eddin AL-HAMADANI
Imad Eddin AL-HAMADANI
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