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Message  Imad Eddin AL-HAMADANI Mar 29 Déc - 9:03

Article de Valeurs Actuelles du 09/05/2008

Algérie 1956. L'aventure de Georges Oudinot et des officiers SAS...

Claude Jacquemart, le 09-05-2008


Alger, palais d’été du gouverneur. Le 2 octobre 1958, le général de Gaulle, revenu au pouvoir depuis quelques mois, y recevait à dîner une quinzaine d’officiers représentant toutes les armes.Parmi eux, le capitaine Georges Oudinot. À l’apéritif, celui-ci risqua une question : «Mon Général, si, pour une raison ou pour une autre, vous étiez amené à prendre un jour la décision d’abandonner l’Algérie, qu’adviendrait- il de nos populations et de nous qui nous sommes engagés sans retour ? » De Gaulle regarda longuement son interlocuteur, lui demanda son nom, puis, tendant vers lui sa main tenant ses lunettes pliées, répondit à sa question par une autre question : « Oudinot, dites-moi, avez-vous déjà vu de Gaulle abandonner quelqu’un ou quelque chose ? »

Le propos allait faire le tour des “popotes”. Suivant d’autres déclarations telles que le «Vive l’Algérie française ! » lancé par le Général à Mostaganem, il allait nourrir, pendant de longs mois, les rêves de ceux qui croyaient pouvoir intégrer l’Algérie à la France, en transformant ses habitants (dix millions à l’époque, dont un dixième d’Européens) en “Français à part entière”.
Ce long chemin d’une espérance se changeant progressivement en doute puis en cauchemar, pour déboucher sur la révolte d’une partie de l’armée puis sur la sanglante tragédie que fut l’accession de l’Algérie à l’indépendance, Georges Oudinot, âgé aujourd’hui de 87 ans, le décrit à son tour dans un gros livre (700 pages), carnet de route d’un soldat qui, engagé volontaire en 1940, fut de tous les combats : Seconde Guerre mondiale, Indochine sous l’uniforme des parachutistes, Algérie enfin. Des campagnes qui lui valurent neuf citations, les insignes de commandeur de la Légion d’honneur et un surnom, “le Maréchal” – allusion à un autre Oudinot, celui du premier Empire.
En Algérie, dans cette guerre qui ne voulait pas dire son nom (officiellement, il ne s’agissait que de “maintien de l’ordre”), l’armée française, au plus fort du conflit, alignait des unités dites de réserve générale (parachutistes, légionnaires, commandos) chargées de détruire l’ennemi, des troupes de quadrillage affectées à l’occupation du terrain, à la protection des personnes et des biens dans les agglomérations ou dans le bled avec des postes fortifiés, des supplétifs musulmans (harkis). S’y ajoutaient des officiers d’un genre nouveau, les SAS.
La création de ces képis bleus à croissant d’or, bientôt légendaires, fut l’oeuvre du gouverneur général Jacques Soustelle, à l’origine fervent gaulliste paré d’une réputation d’homme de gauche, fraîchement accueilli par les pieds-noirs, et qui deviendra leur idole et l’adversaire irréductible du général de Gaulle en raison de sa politique algérienne. Conseillé par le général Parlange, ancien des affaires indigènes au Maroc, Soustelle décida, pendant l’été 1955, de remédier au sous-développement administratif de l’Algérie en créant, au niveau des douars (les circonscriptions administratives traditionnelles), des “sections administratives spécialisées”, les SAS, que compléteront ultérieurement les “sections administratives urbaines”, les SAU.Par extension, les initiales SAS – qui furent celles du Special Air Service, les commandos parachutistes de l’armée britannique, puis des paras de la France libre pendant la Seconde Guerre mondiale – désigneront les quatre mille officiers et deux mille sous-officiers qui, de 1955 à 1961, serviront dans ce corps.
Comme en Indochine, cette guerre d’Algérie présentait un caractère révolutionnaire. Il fallait, certes, écraser militairement l’ennemi, mais aussi soustraire la population à son influence. Cette population, le FLN (Front de libération nationale) s’efforçait de la rallier par la persuasion ou la terreur.Ainsi mettait-il en place, jusque dans les moindres douars, une organisation politico-administrative (OPA) parallèle à l’administration française – lorsqu’elle existait. Vieille théorie “du poisson dans l ’ e a u” ch è re à Mao Zedong, que les officiers français ayant connu les camps de prisonniers du Viêt-minh avaient longuement méditée. C’est sur ce terrain-là qu’il importait de le vaincre.Et par la création de groupes d’autodéfense, les habitants des douars se trouveraient directement impliqués dans la lutte.
Les SAS reçurent donc pour mission de restaurer, avec le concours de l’armée, la sécurité et la confiance dans les territoires confiés à leur responsabilité, de relancer les services civils dans tous les domaines (état civil, travaux publics, scolarisation, assistance médicale, aide à la jeunesse…). Volontaire pour cette nouvelle mission, le capitaine Oudinot fut affecté en Kabylie.Un pays de montagnes abruptes et de vallées profondes, peuplé de Berbères attachés à leur langue, leur culture, leurs traditions familiales et à une forme particulière de démocratie locale symbolisée, au coeur des villages resserrés sur les crêtes, par l’enceinte de la djema’a, le lieu de réunion des responsables de la communauté.
Georges Oudinot prit en charge la SAS de Beni-Douala, regroupant quatre douars à une vingtaine de kilomètres de Tizi Ouzou,“capitale”de la Grande Kabylie. Un territoire particulièrement sensible au coeur de la wilaya III (l’équivalent d’une région militaire dans la terminologie du FLN) commandée par un chef implacable, Amirouche.
En 1961, sa mission achevée, l’officier au képi bleu pourra tirer un bilan flatteur de son action : plus de 20 000 habitants ralliés sur 26 000, un contingent de 300 harkis recrutés dans la population locale et s’ajoutant aux groupes d’autodéfense. Et une incontestable réussite dans les domaines de l’administration de proximité, de la scolarisation, de la santé, de l’encadrement des jeunes. En arrière-plan : une rébellion militairement pulvérisée, à l’intérieur du territoire algérien sanctuarisé par les barrages de la “ligne Morice”, par les régiments de réserve générale appliquant la stratégie du “rouleau compresseur” élaborée par le commandant en chef, le général Challe.
Par malheur, tout cela reposait sur un formidable malentendu. Pour un grand nombre d’officiers (ceux, notamment, qui avaient vécu la fin dramatique de l’Indochine française), l’abandon de l’Algérie par la métropole était inconcevable. Pierre Mendès France, François Mitterrand, puis le général de Gaulle lui-même et Michel Debré, dont il avait fait son premier ministre, l’avaient solennellement affirmé : l’Algérie, c’est la France.D’où l’engagement personnel de responsables, civils ou militaires, à tous les niveaux, envers les populations.D’où, également, l’exaltation d’un mythe, celui de l’intégration : intégration à la France de l’Algérie (administrativement découpée en départements) et intégration de la population algérienne, à égalité de droits et de devoirs. Les SAS, par nature, se trouvant à la pointe de cette entreprise.
Tout autre était la vision du général de Gaulle, dont les confidences contredisaient les déclarations publiques («Moi vivant, le drapeau vert et blanc ne flottera jamais sur Alger ! »).Conscient que la France ne pouvait échapper au grand mouvement de décolonisation qui minait les empires forgés par les nations européennes, non moins attentif aux évolutions de la démographie et aux différences religieuses et culturelles séparant les communautés en Algérie, il confiait dès mars 1959 à Alain Peyrefitte, qui ne comptait pourtant pas au nombre de ses intimes : « L’Algérie française, c’est une fichaise et ceux qui préconisent l’intégration sont des jean-foutre… Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisions l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombeyles- Deux-Églises, mais Colombey-les- Deux-Mosquées ! »
La rupture entre les officiers partisans de l’Algérie française et lui était inévitable.Mais au mois d’avril 1961 encore, lors de la tentative de “putsch des généraux”, Challe ne rêvait que d’achever la pacification de l’Algérie pour l’offrir à de Gaulle, comme cela fut dit, “sur un plateau d’argent”. C’était méconnaître singulièrement le caractère du président de la République, qui n’était pas homme à se laisser forcer la main, surtout par « un quarteron de généraux en retraite » dressés contre l’État. C’était ignorer aussi que ce cadeau, de Gaulle n’en voulait pas, comme il l’avait déjà prouvé en refusant en 1960 la reddition de Si Salah, commandant de la wilaya IV, et de plusieurs hauts responsables de l’ALN (Armée de libération nationale).
Le capitaine Oudinot, impliqué dans l’insurrection militaire d’avril 1961 à laquelle une mise aux arrêts préventive l’empêcha de participer activement, fut emprisonné, mais acquitté par le tribunal militaire. Comme bien d’autres, tels que le commandant Hélie de Saint Marc qui avait conduit le 1er régiment étranger de parachutistes de Zéralda à Alger pour épauler la prise de pouvoir du général Challe, il invoqua devant ses juges la parole donnée. Pour avoir cru à cette parole et s’être engagés sous le drapeau français en raison des assurances prodiguées,de nombreux Algériens furent arrêtés, torturés et assassinés dès la signature des accords d’Évian et la mise en oeuvre du cessezle- feu, en mars 1962.Autant que leur grand rêve brisé, c’est cela que des hommes tels que Georges Oudinot n’ont jamais oublié.
Imad Eddin AL-HAMADANI
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