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Joseph II d'Autriche, Un réformateur pressé

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Message  Imad Eddin AL-HAMADANI Lun 28 Déc - 16:23

Ci-dessous un article de Valeurs Actuelles sur un monarque méconnu : Joseph II d'Autriche

Frédéric Valloire, le 18-01-2008

Qui fut ce Habsbourg ? un révolutionnaire ? un despote éclairé ? un utopiste ? Lui se disait “royaliste par profession”.

Si tous les Français savent qui était Marie-Antoinette, Joseph II d’Autriche, son frère aîné, demeure un inconnu. Les difficultés linguistiques, la dispersion des archives, la complexité géographique et les subtilités géopolitiques expliquent cette lacune des historiens. Pourtant, sa fringale de réformes le place en pleine actualité, ce que son dernier biographe, l’excellent Jean Bérenger, n’avait pas prévu.

Lorsque Joseph naît le 13 mars 1741 à Vienne, l’impératrice Marie-Thérèse, sa mère, règne depuis une année. Aux prises avec Frédéric II de Prusse et avec la France, elle se trouve contrainte à une guerre qui se poursuivit jusqu’en 1748. Énergique, populaire, la jeune souveraine montre un grand sens politique. Elle fait élire son époux François de Lorraine au trône du Saint Empire en 1745, institue une corégence dont son mari s’accommode, confie au comte Kaunitz la diplomatie, se réconcilie avec la France, engage la guerre de Sept Ans (1756-1763) et marie sa plus jeune fille au Dauphin de France en 1770.

Joseph II succède à son père sur le trône impérial à sa mort, en 1765. Le jeune prince a reçu une éducation soignée, très livresque. L’un de ses proches, le prince de Ligne, regrettera qu’on ait voulu tout lui appren dre « sauf ce qui était nécessaire ». Bref, une édu cation qui favorise une conscience de soi exagérée et un sentiment de supériorité intellectuelle. Au point qu’en 1751, sa mère admet que son fils ne reconnaît pas ses er­reurs, qu’il convient de limiter sa vivacité et la rudesse de ses jugements sur autrui. Des défauts qu’il ne corri gera jamais. Le nouvel “empereur romain” (son titre officiel) prend alors la devise Virtute et exemplo (“Par la force morale et par l’exemple”). Et l’impératrice l’associe au pouvoir comme corégent, lui confiant l’armée et la diplomatie.

Mais Joseph II ne règne pas, c’est Marie-Thérèse qui tranche. Or, dans tous les domaines – l’armée, l’éducation, le mariage, le commerce, le clergé, la police, les fêtes à célébrer –, il a des idées. Il rédige des mémoires, lit, croit à la raison, confronte ses théories avec la réalité, affirme des principes : « Tout relève de l’État, ce mot embrasse toutes les activités et chacun doit collaborer à sa prospérité. » Il faut, pense-t-il, réduire les revenus de la haute noblesse, s’attaquer aux privilèges fiscaux, exiger que chacun travaille mieux, sélectionner le personnel d’État, y placer des gens compétents sans tenir compte de leur âge ni de leurs ancê tres, mais en les payant convenablement. Il est convaincu que s’il gouverne par lui-même, pour le bien-être de ses sujets, il n’est responsable de sa conduite que devant Dieu.

En attendant, Marie-Thérèse bride les ambitions d’expansion territoriale de son fils, rogne ses projets de réforme et lui laisse un champ d’action fort réduit. D’où des psychodrames familiaux nom breux entre cette mère possessive et ce fils sûr de détenir la vérité, qui menace d’abdiquer. Pour fuir la Cour et sa mère autant que pour connaître ses sujets et ses provinces, il voyage, incognito. Voyages d’études plus que déplacements officiels : il prend des notes, écrit des rapports, étudie les administrations, s’informe des problèmes financiers et économiques, rencontre des personnalités. Ses voyages à travers l’Europe (France, Russie, Italie du Sud) le renforcent dans sa volonté réformatrice. Avec un objectif : être prêt lorsque viendra son heure.

Par-dessus tout, lorsque Joseph compare la monarchie autrichienne à la Prusse de Frédéric le Grand qu’il admire, son caractère hétérogène l’inquiète : cette flamboyante bigarrure linguistique, religieuse, ethnique, institutionnelle de 22 millions d’habitants, sans que se pose le problème des nationalités, le préoccupe. Mais en s’appuyant sur la fidélité dynastique, l’Église catholique, l’armée et un début d’unification administrative, l’ensemble fonctionnait.

Pour Joseph II, la monarchie autrichienne est un défi vivant à la raison avec ses royaumes et ses provinces qui appartiennent au Saint Empire romain germanique et ceux qui n’en ont jamais fait partie. Au cœur, la Basse-Autriche avec la cosmopolite Vienne, qui, avec ses 250 000 habitants, surclasse toutes les autres villes de l’Europe germanique et centrale. Puis, les pays de la Cou ronne de saint Wenceslas : Bohême, Moravie, Silésie autrichienne. S’y ajoutent une guirlande de contrées alpestres du lac de Constance à la plaine hongroise (Tyrol, Styrie, Carinthie, pays de Trente, etc.), quelques villes en Rhénanie, des duchés en Italie (Milan, Mantoue, Toscane), les Pays-Bas méridionaux. À l’est, le royaume de Hongrie comprend aussi la Croatie, la Transylvanie et les confins militaires de la Slavonie. Chaque État conserve son autonomie, son gouvernement particulier, ses diètes locales, sa noblesse, mais il est uni au souverain par des liens personnels. Seule institution à dépendre exclusivement de l’empereur, l’armée.

Or Joseph II désire un État autrichien unitaire, centralisé, cimenté par l’action du prince, premier serviteur de l’État. Quitte à déposer la couronne du Saint Empire, celle de Charlemagne, que portent les Habsbourg depuis le XVe siècle. Quitte à substituer à la fidélité dynastique, la fidélité à l’État. Impatient, le passé lui pèse et les quinze années de corégence lui semblent des années perdues : gouvernement faible, générosité dispendieuse, bureaucratie pléthorique, ineffi cace et coûteuse, fonctionnaires incompétents. Il finit par considérer que tout ce qui était ancien est mauvais et que tout ce qui existait doit être transformé. En particulier les institutions.

Lorsque meurt Marie-Thérèse en 1780, la monarchie s’est déjà transformée : les caisses sont pleines, le pays connaît un essor économique et démographique indéniable ; une administration moderne apparaît. À 39 ans, Joseph II sait que le temps file. Deux fois veuf, il n’a pas d’héritier. Ses frères ou ses neveux peuvent lui succéder. Grand, mince, il a belle allure, arbore une simplicité dans sa mise, un uniforme sans décoration. Il se veut à la fois serviteur de l’État et simple citoyen. Travailleur acharné, il met un point d’honneur à bien faire son métier de roi.
Sa vie déjà austère le sera encore plus : « De 7 heures à 14 heures, je travaille, écrit-il à son frère Léopold, je sors jusqu’à 16 heures, je dîne et je retravaille jusqu’à 21 heures. Je vais en société jusqu’à 23 heures », heure à laquelle il se couche. Un repas journalier, le plus souvent seul. La Cour, où disparaissent les jeux et les fêtes, ressemble à une caserne ou à un couvent. Mais Joseph reçoit ses sujets quel que soit leur statut social : son antichambre est toujours ouverte au public.

Ses soutiens ? Quelques amis, des collaborateurs, des clercs, une partie de la noblesse, des intellectuels, une bourgeoisie urbaine peu nombreuse et des francs-maçons (une patente, c’est-à-dire un décret, a autorisé les loges). Mais cela n’inquiète pas Joseph II. Persuadé de travailler pour le progrès et le bien de tous, il ne cherche ni les bains de foule, ni l’approbation de ses sujets. De même, il est indifférent aux critiques de la presse à qui il donne une grande liberté : « Je suis de l’avis qu’il faut laisser dire tranquillement à tous ce qu’ils veulent, pourvu qu’ils nous laissent faire ce que nous voulons. »

Très vite, un tourbillon de réformes intérieures souffle. Une première rafale dès la première année : rétablissement d’un privilège par lequel les textes pontificaux ne peuvent entrer en vigueur en Hongrie qu’avec l’assentiment du roi, abolition du servage, réforme de la censure, patente de tolérance à l’égard des protestants et des juifs, ouverture des jardins du Prater au public. Et le rythme ne faiblit pas.

Suivent en moins de dix ans : une refonte de la police ; le doublement des effectifs de l’armée sans trop en augmenter le budget ; des transformations fondamentales dans l’administration avec la suppression des privilèges historiques des provinces et des ordres, la réduction des administrations intermédiaires, la mise en veilleuse des diètes, la fin de l’autonomie des grandes villes, tout cela au profit d’une centralisation active ; une réorganisation totale de l’Église de la monarchie (le “joséphisme”) avec création de nouveaux diocèses et de séminaires, suppression de couvents, cela sans toucher au dogme car il est un catholique convaincu ; une réforme scolaire ambitieuse qui met la monarchie sur le même plan que les États allemands “éclairés”, une tentative d’imposer l’allemand comme langue commune tout en préservant les cultures nationales.

Ce n’est pas tout : dans le domaine de la justice, il supprime les tribunaux spéciaux pour la noblesse, abolit la peine de mort, promulgue un nouveau code criminel et réforme la justice criminelle. En ma tière financière, si la réforme de l’impôt foncier est retardée, il réorganise les finances, unifie le système fiscal, met en place un appareil bureaucratique compétent, une comptabilité publique et une nou velle réglementation douanière. Sans compter des législations sur les enterrements et l’hygiène, la création d’hôpitaux et d’instituts de bienfaisance, un recensement général de la population.

Dans cette frénésie d’activités, Joseph II se grise et épuise ses collaborateurs. Il veut tout faire lui-même. Du coup, il se laisse accaparer par des tâches subalternes : « Je suis le seul qui tient bon et qui doit tout faire. Les réponses, les let tres, je les ai dû toutes coucher moi-même. Jamais rien ne m’a accablé à un tel point. »
Cette précipitation le dessert. Impétueux, il va vite, trop vite, oublie le droit des peuples à exister, néglige les sentiments des hommes, négocie mal avec les puissances étrangères. À partir de 1788, des émeutes paysannes grondent en Hongrie, en Carinthie, dans le Vorarlberg et aux Pays-Bas, qui se proclament indépendants. Malade, désenchanté, de plus en plus seul, Joseph II abroge, quelques jours avant sa mort le 20 février 1790, toutes ses réformes, sauf celles qui concernent le servage et la tolérance religieuse. Il avait lui-même composé son épitaphe : « Ici repose un prince dont les intentions étaient pures, mais qui eut le malheur de voir échouer ses projets. »

Pourtant, Joseph II préserva, grâce à ses réformes, ce qu’il pensait être l’essentiel. L’essor au XIXe siècle de l’empire austro-hongrois en témoigne. « Il faut un grand courage et encore plus de patriotisme pour être un novateur dans notre siècle », avait-il coutume de dire.

Joseph II d’Autriche, serviteur de l’État, de Jean Bérenger, Fayard, 624 pages, 27 euros.
Imad Eddin AL-HAMADANI
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