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Metternich l'Européen

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Message  Imad Eddin AL-HAMADANI Lun 28 Déc - 16:01

La “monarchie universelle” de Napoléon lui semble un “but monstrueux”. C’est l’antithèse de sa politique d’équilibre, la seule qui permette à la fois de préserver la paix en Europe et l’indépendance des États.

Depuis longtemps l’Europe a pris pour moi la valeur d’une patrie, écrira Metternich en 1824. Doit-on le croire ? Le chancelier d’Autriche a une réputation bien établie, celle d’être un menteur : « Il ment toujours, disait Talleyrand, mais ne trompe personne. » Pourtant, tout mensonge suppose un dessein, note Charles Zorgbibe, ancien professeur de droit public, spécialiste de l’histoire des relations internationales. Mais lequel ? On trouvera la réponse dans son livre,Metternich, le Séducteur diplomate, enlevé comme une valse viennoise.

L’auteur présente naturellement la diplomatie de Metternich, l’artisan du congrès du Vienne de 1814 qui fit danser toute l’Europe, le fondateur d’un nouvel ordre international rationnel fondé sur les notions d’équilibre et de légitimité. Ce “concert européen”, où la France retrouve sa place – Metternich ne souhaite pas accabler la puissance vaincue –, doit, dans son esprit, être régulé par des réunions régulières dont la première se tint à Aix-la-Chapelle en 1818. Si,peu à peu, le système Metternich se désagrégea, il assura à l’Europe une paix relative jusqu’en 1914, en limitant les conflits. Mais l’originalité du propos, c’est la manière dont Metternich s’est forgé, bien avant le congrès de 1814, ses convictions et sa doctrine.

Klemens Wenzel Nepomuk Lothar de Metternich naît le 15 mai 1773 à Coblence, capitale de l’électorat de Trèves, une principauté qui incarne la douceur de vivre. À la maison, comme dans toute l’élite européenne, on parle le français et l’on maltraite l’allemand. Il fait ses études à Strasbourg à l’École diplomatique,créée au milieu du siècle. Celle-ci offre la meilleure formation d’Europe pour qui se destine à la diplomatie. On vient même de Russie assister à des cours sur l’histoire des États- Unis ou sur l’état du Vieux Continent. On y étudie les traités de paix qui constituent « la source principale du droit public en Europe ». On y analyse les doctrines de Thomas Hobbes sur l’inéluctabilité des guerres et sur la souveraineté, qui est l’âme du corps politique. On y disserte sur l’État qui doit protéger ses gouvernés et sur le projet, élaboré dans les années 1710, de l’abbé de Saint-Pierre.« Pour rendre la paix perpétuelle en Europe », il envisageait la création d’une « Société européenne » avec un Congrès ou un Sénat où les souverains enverraient des représentants. On y planche sur l’histoire des dynasties européennes qu’il faut connaître car, l’accord est unanime, la diplomatie est affaire de princes. Et, cela va de soi, on y fait l’apprentissage d’une sociabilité européenne. Bref, voilà comment vont naître les idées politiques de Metternich.

Le 21 juillet 1789,le jeune homme – il a 16 ans – assiste à l’assaut de l’hôtel de ville de Strasbourg et à son saccage. « J’appris à connaître à quelles absurdités et à quels crimes une nation se laisse entraîner dès que les fondements de l’édifice social ont été ébranlés », notera-t-il. Un an plus tard, le 9 octobre, il participe à Francfort aux cérémonies du couronnement du nouvel empereur du Saint Empire, Léopold II, qui apparaît revêtu des ornements de Charlemagne, sceptre dans une main,globe dans l’autre. Le déploiement des rites fascine le jeune homme : « Je me trouvais un des gardiens de l’ordre public […] à quelques pas à peine d’une France en conflagration. Je ne pensais qu’à ce contraste. » Deux mondes : s’il passe de l’un à l’autre, il a choisi le sien.

En 1790, il s’établit à Mayence et y poursuit des études de droit. Un historien l’impressionne, Nicolas Vogt, « son maître en conservatisme ». Son enseignement ? Primauté de l’équilibre dans la vie diplomatique : « Tenez compte des leçons de l’Histoire, conseille-t-il ; ne vous écartez pas de votre route. » À Mayence, il découvre les émigrés français qui se rassemblent autour des deux frères de Louis XVI. Parmi ces émigrés, Marie-Constance de Caumont. Un premier amour.Toute sa vie, ce mondain élégant,loquace et chaleureux, toujours en représentation, sera un séducteur : trois épouses autrichiennes, trois maîtresses russes, trois maîtresses françaises. Européen, même en amour.

Quand la France révolutionnaire déclare la guerre à l’Europe des rois, deux principes s’affrontent : droit des peuples contre légitimité monarchique. Metternich, que l’exécution de sa compatriote Marie-Antoinette a scandalisé, se retrouve à Vienne où sa famille s’est repliée. « J’avais senti que la Révolution serait l’adversaire que j’aurais désormais à combattre. » Il épouse, mariage de raison, Eleonore, qui n’est ni jolie ni séduisante, mais la petite-fille de Kaunitz, qui fut pendant quarante années le chancelier de l’Autriche !

Pour l’heure, la France et son jeune général Bonaparte dictent la politique étrangère du continent.Après la paix de Lunéville qui suit l’échec de la deuxième coalition de 1799, le personnel diplomatique de l’Autriche est renouvelé. Lui-même est nommé « ministre plénipotentiaire près la cour de Saxe », le 5 février 1801. Il en profite pour brosser un tableau d’ensemble des bouleversements provoqués par la Révolution française. Face à la France qui constitue une menace d’une gravité exceptionnelle, les monarchies qui incarnent pourtant l’ordre européen légitime réagissent dans la plus grande dispersion, observe- t-il. Chacune ne voit que ses propres intérêts et ne cherche qu’à profiter du malheur des autres. Au risque de voir les idées françaises se répandre. Que faire ? Maintenir la cohésion interne de l’Autriche et garder sa liberté d’action sur la scène internationale.

À Dresde,Metternich rencontre Frédéric de Gentz, l’un des meilleurs spécialistes de droit international et de diplomatie de son temps, journaliste brillant, polémiste redoutable et traducteur en allemand des Réflexions sur la Révolution de France d’Edmund Burke. Les deux hommes sympathisent. Metternich découvre Burke, où il trouve un argumentaire contre-révolutionnaire. Treize ans plus tard, au congrès de Vienne, commencera leur collaboration.

Après Dresde, il se rend à Berlin pour s’y entretenir avec le tsar Alexandre Ier. Puis le voici à Paris où il arrive l’été 1806 avec le titre nouveau d’ambassadeur de l’empereur d’Autriche. Il a 33 ans. Au préalable, il a cherché à étudier cette étrange Révolution française et surtout ce « produit personnifié de la Révolution, parti de si bas » qu’est Napoléon. Il deviendra ainsi “le” spécialiste de Napoléon.

Le 10 août, il est reçu en audience à Saint-Cloud. « Vous êtes bien jeune pour représenter un si vieil empire, lui dit l’Empereur. – Mon âge est celui qu’avait Votre Majesté à Austerlitz », lui répond Metternich.
Le mot fait le tour de la Cour.Metternich accumule les notes sur Napoléon, sa famille, son entourage et sur le peuple de Paris. Sa première impression est négative. L’Empereur « sent le parvenu » ; son attitude révèle « de la gêne et même de l’embarras » ; sa tenue est négligée malgré « une recherche marquée à se rendre imposant ». Il devine dans ses accès de colère, ses boutades et ses brusques interpellations « des scènes préparées, étudiées et calculées ». Il se moque des dotations et des nominations à des titres de noblesse qu’effectue l’Empereur. C’est l’ancienne Europe que l’on viole et que l’on dépouille : « L’Europe a été chassée, forcée et on en fait la curée dans le moment actuel. » Regard cruel sur la Cour à Fontainebleau, sur l’Empereur qui « chasse une quarantaine de mauvais cerfs qui ont été apportés du Hanovre et du reste de l’Allemagne », mais qui ne fait que « courir ventre à terre à droite et à gauche dans la forêt sans suivre régulièrement la chasse ». De l’envie et du mépris sur les dépenses prodigieuses que font la Cour, les ministres, sur le peuple parisien gagné par le scepticisme et moralement « dégradé ».

Jusqu’en mai 1809, date de son retour à Vienne, Metternich ne cesse de scruter, tel un entomologiste, la personnalité de Napoléon. Il admire son intelligence, la clarté de sa pensée, armée pour l’action, sa capacité d’écoute, sa rapidité à prendre une décision et à définir le but essentiel, son intuition, sa force de caractère. Mais il s’offusque de son opinion très réductrice des hommes pour qui seul compte l’intérêt et lui reproche son absence de générosité gratuite. Surtout, Napoléon lui semble hanté par la précarité et la fragilité de son autorité privée de légitimité. Un grand homme ? Non, dit-il finalement : sa réussite il la doit à ses qualités mais surtout à la facilité de son parcours « dans un monde en dissolution ». L’aspiration à la « monarchie universelle » qu’il décèle chez Napoléon lui semble être un « but monstrueux ». C’est l’antithèse de la politique de l’équilibre, la seule qui permette de préserver l’indépendance.

Mais, dans les circonstances du moment,il s’agit d’un idéal hors d’atteinte car deux conditions doivent être réunies. D’abord, la solidarité entre États (un État seul n’est qu’une abstraction) avec la reconnaissance des intérêts de tous les États, sans exception. Ensuite, le principe de légitimité, qui suppose des valeurs communes, des principes d’organisation communs, des règles du jeu que tous acceptent, un code de comportement et une certaine homogénéité de la société des États, un ensemble que l’irruption de la France révolutionnaire a détruit.Et l’avènement d’une nouvelle dynastie, celle des Bonaparte, ne modifie pas la nature révolutionnaire du régime politique français : «Robespierre déclarait la guerre aux châteaux, Napoléon la déclare aux puissances. » En filigrane, les principes du congrès de Vienne.

Quand la bataille de Wagram (juillet 1809) est suivie d’une paix désastreuse pour l’Autriche, l’empereur appelle Metternich comme ministre des Affaires étrangères. Celui-ci s’installe dans le palais de la Ballhausplatz. De là, il observe, il attend, tisse ses filets. Il adore les araignées, « ses amies », dit-il. Il restera près de quarante ans à ce poste.Avec le succès que l’on sait.

À lire

Metternich, le Séducteur diplomate, de Charles Zorgbibe, Éditions de Fallois, 528 pages, 26 €.

Le Concert européen, aux origines de l’Europe (1814-1914), de Jacques-Alain de Sédouy, Fayard, 484 pages, 27 €.
Imad Eddin AL-HAMADANI
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EUROMED 09|10
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